LA PLONGÉE SOUS-MARINE AU LAC PAVIN


SIMILITUDE AVEC LE LAC NYOS


Dans FUTURA-SCIENCES Laurent SACCO indique que si le Pavin a été le siège d'une activité volcanique il y a seulement 700 à 800 ans, cela en ferait un volcan actif.

 

Et sa ressemblance avec le lac Nyos, de sinistre mémoire pour avoir causé près de deux mille morts, a conduit à l'étudier de plus près.

 

Le Pavin tire son origine d'une éruption phréatomagmatique.

 

Quelque part en profondeur, il y a environ 6.700 ans, du magma en train de remonter dans la région de la Chaîne des Monts Dore est entré en contact avec une nappe phréatique. La chaleur a vaporisé une importante quantité d'eau, provoquant une explosion très violente.

 

Une récente éruption de type phréatomagmatique le 6 avril 1977, du volcan UKINREK MAARS en Alaska (photo à droite) donne une idée de l'effrayant spectacle pour d'éventuels spectateurs de l'époque.

 

L'eau a ensuite envahi le cratère ainsi formé, qu'on appelle un maar, pour former un lac.

Il se trouve que le Lac Pavin ressemble beaucoup au tristement célèbre lac Nyos, au Cameroun.

 

En août 1986, une brutale libération d'un énorme volume de gaz carbonique s'est produite dans les eaux de ce lac, provoquant la mort par asphyxie de plus de 1700 personnes habitant le village voisin.


Pour expliquer ce terrible phénomène, l'une des hypothèses proposées, majoritairement admise sans faire l'unanimité, est celle d'une accumulation progressive de gaz carbonique dissous dans les profondeurs du lac suite à un dégazage volcanique lent mais continuel. Pour une certaine raison, ce gaz dissout aurait été libéré brutalement.

Hypothèse de l'accumulation de gaz carbonique(CO2, en jaune), sous le lac NYOS

Mais selon certains chercheurs, à la suite des observations faites sur le terrain en août 86 par Haroun TAZIEFF et ses équipiers, dont François Le GUERN, une autre hypothèse fut émise qui collerait mieux avec les faits.

 

L'événement du lac Nyos serait en fait une éruption phréatomagmatique d'un type particulier, ne faisant principalement que libérer une importante quantité de gaz carbonique.

 

Le Pavin pourrait-il être le siège d'un événement de ce genre ? C'était l'opinion de TAZIEFF et de la plupart de ses équipiers, au retour de Nyos

 

Le risque est étudié depuis longtemps et tout indique qu'il n'y a pas lieu de s'affoler.

 

 

En particulier, la teneur en gaz carbonique du fond du lac semble trop faible pour qu'on puisse imaginer une libération selon le mécanisme majoritairement adopté pour expliquer la catastrophe de Nyos.

La préfecture du Puy-de-Dôme, prenant ces hypothèses au sérieux, à dès lors demandée une étude scientifique plus poussée à d'autres experts scientifiques, afin d'évaluer les risques et de valider ou non les hypothèses citées ci dessus.

 

Ci ces derniers se révélaient importants, l'accès au massif en serait restreint, et un plan d'urgence établi.

 

Le lac Pavin est actuellement l'objet de beaucoup d'attention. Etant situé dans une région volcanique récente, sur un socle fracturé et entouré de pentes abruptes, des risques semblent pouvoir survenir comme par exemple un grand glissement de terrain qui pourrait conduire au brassage des couches profondes et à donc à un dégazage.

 

Les falaises rocheuses des versants internes, où ont été observées quelques chutes de blocs, font l'objet d'une sécurisation par la commune de Besse qui devra engager de 200.000 à 600.000 € dans l'opération.

 

Concernant la stabilité interne des versants du lac, plusieurs mesures ont été engagées et financées par le Ministère en charge de l'Écologie dont une surveillance topographique trimestrielle.

 

Enfin, deux études sont lancées pour évaluer les mouvements géologiques du réseau de failles et les activités hydrothermales : une étude par le BRGM des sources et émanations gazeuses du site, une auscultation micro sismique par l'Observatoire Physique du Globe de Clermont.

 

Selon les dernières communications, il n'y aurait aucun risque à court terme, aucun séisme sous le massif ne se serait produit, le risque d'éruption est donc pour le moment écarté, malgré la présence de phénomènes para volcaniques.

 

2 journées TAZIEFF se sont tenues les 23 et 24 août 2008 au Puy-en-Velay et aux Estables.

 

La question d'une possible nouvelle éruption phréatomagmatique au Pavin dans un avenir proche y a été exposée mais il ne s'agit encore que d'un débat entre chercheurs.

 

A l'initiative des professeurs Didier JÉZÉQUEL, de l'institut de physique du globe de Paris (université Paris 7) et Christian AMBLARD, de l'université Blaise Pascal un colloque scientifique était organisé à Besse les 14, 15 et 16 mai 2009.

Objectif : partager les connaissances acquises sur le lac en géologie-volcanologie, limnologie, hydrobiologie, géochimie, hydrologie, y compris sous l’angle des risques naturels.

Comité scientifique :

Christian AMBLARD LMGE - Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand
Pierre BOIVIN OPGC - Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand
Gérard FONTY LMGE - Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand
Didier JEZEQUEL LGE - Université Paris Diderot - Paris 7 & IPGP
Michel MEYBECK Université Pierre & Marie Curie - Paris 6
Gérard SARAZIN LGE - Université Paris Diderot - Paris 7& IPGP
Bruno TASSIN CEREVE - ENPC Marne-la Vallée
Eric VIOLLIER LGE - Université Paris Diderot - Paris 7 & IPGP

 

Partenaires :

  1. Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne
  2. BRGM
  3. MEEDATT
  4. Revue de vulgarisation scientifique " Pour la Science "
  5. Association Française de Limnologie
  6. Commune de Besse et St Anastaise
  7. Communauté de Communes du Massif du Sancy
  8. Société d’Histoire Naturelle d’Auvergne

Les résultats permettront aux pouvoirs publics de conclure si des précautions particulières doivent être prises. Sa présence à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand mérite bien quelques études pour s'en assurer.

 

Par souci de transparence, une journée (la troisième) de ce colloque sera ouverte au public et sera une occasion d'échange, notamment sur les risques naturels, entre responsables de la prévention des risques, scientifiques et citoyens.

 

La DDE indique qu'au regard de la sécurité des visiteurs et habitants, les falaises rocheuses sont sécurisées et une surveillance régulière des versants a été mise en place. Mais aucune mesure de restriction de la fréquentation du site n'est envisagée aujourd'hui.

 

Selon la définition de la UNITED STATES GEOLOGICAL SURVEY (USGS), un important organisme gouvernemental américain, un volcan est considéré comme actif s'il a subi une éruption durant les dix mille dernières années.

 

A cette aune, le volcan responsable de la formation du Lac Pavin est bel et bien un volcan actif.